Qui sont les maîtres de la donnée ? L’analyse de Jean-Claude Lewandowski
Dans la révolution du big data, les universités et grandes écoles ont des atouts à faire valoir.
En premier lieu, parce que le maniement et l’exploitation de grandes masses de données exigent de fortes compétences en mathématiques – domaine dans lequel la France dispose d’une tradition d’excellence. Ces compétences en maths – et aussi dans des disciplines « connexes » comme les statistiques, l’économétrie ou l’informatique décisionnelle – trouvent ainsi un formidable champ d’applications, propre à séduire les jeunes talents. Et à leur procurer des emplois de qualité.
Ce n’est pas tout. Dans le big data, les spécificités de nos établissements apparaissent comme autant de points forts. Ainsi, leur proximité avec le monde de l’entreprise leur permet d’être à l’écoute des besoins du marché, et de former des diplômés dotés d’un solide bagage théorique et rapidement opérationnels.
Un avantage concurrentiel pour le pays
L’essor des enseignements « transversaux » s’avère très utile dans le domaine des mégadonnées : outre leurs connaissances en sciences « dures », les data scientists doivent avoir une ouverture sur le management, le droit, les questions d’éthique et de responsabilité…
« Le système (de formation) inventé par la France lui procure un avantage concurrentiel sérieux par rapport aux autres pays développés » dans le big data, estime ainsi Sébastien Corniglion, fondateur de Data ScienceTech Institute et expert du sujet.
Ajoutons un dernier facteur favorable : pays fortement centralisé, les organismes publics ou parapublics français ont l’habitude d’accumuler et de traiter d’énormes masses de données. Ils ont ainsi fait, pourrait-on dire, du big data avant l’heure…
Résultat, les nombreuses formations dédiées au big data apparues depuis deux ou trois ans sont reconnues et appréciées des employeurs.
Un défi pour l’éducation supérieure
Le big data est aussi une porte d’entrée pour une foule de technologies qui s’apprêtent à déferler : internet des objets, intelligence artificielle, robotique… Ce n’est pas un hasard si les start-ups françaises qui planchent sur les objets connectés ont fait un malheur au CES de Las Vegas.
Derrière la bataille des mégadonnées, c’est aussi une guerre de la connaissance qui s’annonce. Avec d’énormes retombées économiques et en termes de rayonnement.
Comment conserver et renforcer nos avantages compétitifs ? « Il faut redonner aux jeunes le goût des maths et de la physique appliquée, répond Olivier Coone, délégué à la formation de Syntec numérique. Et plus largement, améliorer l’attractivité des filières scientifiques. »
Sans doute est-il nécessaire, dans le même temps, de développer une réflexion critique sur les changements vertigineux qu’entraîne l’emprise croissante du numérique sur la société et sur les individus.
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